Conditions de soumission d’idées
Bienvenue dans la décharge
Ô Kevin2000MasterOfIdeas, ô lecteur égaré, ô futur plaignant,
Tu as cliqué là où tu n’aurais pas dû. Bienvenue dans la zone réservée aux casse-pieds et aux curieux. Ce que tu lis n’est pas un contrat… mais presque. C’est une fable juridique, un kebab administratif, un miroir sale où se reflètent tes illusions de génie.
1. L’Idée jetée
La boîte mail d’Alex ressemblait à une décharge à ciel ouvert. Chaque matin, il y retrouvait la même bouillie : spams promettant des pilules miracles pour agrandir des organes dont il se foutait, newsletters d’enseignes où il n’avait jamais mis les pieds, publicités mortes depuis 2014 et menaces de rois africains prêts à lui confier un héritage improbable. C’était un marécage numérique qui sentait le plastique fondu et la friture froide.
Alex, philosophe des bas-fonds, avait l’habitude de fouiller cette benne comme un chiffonnier. Il en tirait parfois une absurdité assez pure pour mériter son attention. Ce jour-là, il tomba sur un mail. Objet :
« IDÉE GÉNIALE – URGENT »
Expéditeur : Kevin2000MasterOfIdeas@gmail.com.
Alex ricana. L’adresse brillait du ridicule adolescent, comme un tee-shirt fluo de marché. Il allait supprimer, mais son instinct de charognard le poussa à ouvrir.
Le texte tenait en une seule phrase, jetée comme un crachat sur un trottoir :
« Un héros, genre, un mec qui court avec des chaussettes magiques, mais genre, elles puent, et ça sauve le monde. »
Alex resta immobile, yeux plissés, comme devant une tache de vin sur un tapis. Ça sentait la nullité brute, fascinante, une bouillie de mots vomie par un clavier imbibé de soda. Chaque « genre » sonnait comme un clou dans le cercueil de la littérature.
Et pourtant… une bulle de méthane remontait de ce marais. Alex ricana, barbe frémissante :
— « Même un crachat peut servir de point de départ si tu sais souffler dedans. »
Il imagina Kevin, derrière son écran, gonflant son ego comme un ballon de baudruche rempli de mayonnaise, persuadé d’avoir pondu un best-seller. Alex, lui, voyait juste un déchet. Mais avec les restes, on fait du compost.
Il renifla l’écran, grimace immédiate : ça sentait la chambre humide et la console qui chauffe trop. Il décida de garder, non par respect pour Kevin, mais par instinct d’alchimiste. Le mail rejoignit un dossier ancien : « Matière fécale / à recycler », où s’entassaient déjà débris d’idées mortes et résidus narratifs.
Pendant ce temps, à des kilomètres, Kevin rafraîchissait frénétiquement sa boîte. Le silence d’Alex lui sembla signe d’admiration muette. Le génie reconnaissait le génie.
Chez Alex, l’idée reposait comme un hamster mort emballé dans un mouchoir : inutile, grotesque, mais exploitable. Parfois, il la fixait : fable sur la puanteur rédemptrice ? pamphlet sur une société qui court mais pue de l’intérieur ? ou simple farce en vingt chapitres ?
— « On verra bien. Même une semelle usée peut servir de semoir. »
La journée continua, encombrée de spams. Mais Alex savait qu’il avait trouvé sa prochaine matière : un crachat conceptuel qui, sous ses mains, deviendrait compost littéraire.
Au loin, Kevin se frottait déjà les mains, persuadé d’avoir marqué l’Histoire.
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2. Le Cadeau piégé mais généreux
« 📢 [Les Chaussettes du Destin] vient de se prendre 90J fermes sur AMApriZON.
Reluquez-le sous la douche, c’est gratuit pour quelques jours.
Après, faudra cantiner. »
Un mardi à 15h42, entre deux vidéos de chats et un comparatif de casques bas de gamme, Kevin reçut un mail. Objet : « CADEAU – ton idée, sublimée. » Expéditeur : Alex. Sobre. Pas de smiley.
Kevin sentit son cœur s’emballer comme un hamster sous caféine. Il cliqua. Un PDF s’ouvrit : Les Chaussettes du Destin – une nouvelle de LUST édition (selon une idée originale de Kevin2000MasterOfIdeas). Couverture propre : coureur en sprint, halo verdâtre jaillissant de ses chevilles. En bas, la mention sacrée. Kevin la lut trois fois. Ses mains tremblaient.
Il scanna le texte. Pages 1à 4 : l’idée brute. Page 5–22 : Kévinus, bandana ridicule, tic verbal (« genre »). Chaque défaut grossi, étiré. Kevin grimaça, puis sourit : c’est sa patte. Plus loin, les chaussettes deviennent conscientes et le sermonnent sur l’hygiène. Kevin éclata de rire : il a compris mon humour. Final : Kévinus sauve le monde, pieds puants, nom inscrit dans le ciel en brume odorante. Kevin referma le PDF, ivre.
Kevin partagea. Cousin, Facebook, Discord obscur. Réactions : « 😂 parodie », « gros troll », « mec, on se fout de ». Kevin les lut comme des médailles : Jésus aussi avait des haters. Il se lança : bio changée en Co-creator, site kevin2000ideas.com, logo immonde généré en ligne, T-shirt « SMELL THE HERO ». FAQ, signature mail : Idéateur Principal. Même un DM à un compte Netflix fan : « je suis open, mais je veux garder le contrôle artistique ».
Un doute passa. Une seconde. Kevin appela Maître Gonzalez. Pas un avocat, mais un ancien juriste reconverti dans un kebab en liquidation. Il se présentait comme Juriste Cosmique. Paiement : tacos-briques dégoulinants, sauce jaune qui semblait respirer. Gonzalez n’avait encore rien lu qu’il assénait déjà :
— « Donné ≠ donné. Donné = prêté. Prêté = récupérable. Récupérable = facturable. »
Kevin notait religieusement, les doigts tachés de gras.
Kevin s’enflamma : thread « Mon parcours de co-auteur », grille tarifaire « consulting d’idées », Discord KevinVerse (rôles : Sniffeurs, Porte-Chaussettes), compte à rebours pour une série audio inexistante. Il téléchargea un modèle de mise en demeure, en lettres capitales.
Le lendemain, Gonzalez l’inonda de maximes graisseuses : « Article 42 du Code du Fromage : nul ne transforme une idée puante sans rétribution olfactive. Article 404 du Code Internet : idée non trouvée, compensation obligatoire. Article Taco Supremo : qui refuse la sauce sort du droit. »
Kevin opinait, conquis. Déjà, il voyait Alex menotté, condamné à lécher des chaussettes reliées cuir.
Kevin rouvrit le PDF pour la vingt-septième fois, caressa son pseudo comme un talisman, et murmura : « C’est moi. » Sans comprendre qu’il était désormais un personnage, fixé à jamais dans un écrin trop brillant pour lui.
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3. Le Tribunal des Briques
Au milieu d’un terrain vague se dressait le Tribunal des Briques : hangar de béton, bancs moulés en pita sec, lampes suintant de graisse bleuâtre. La justice s’y rendait comme on prépare un kebab : vite, sale, dégoulinante.
Kevin arriva le premier, sac bourré de papiers griffonnés et de tacos moisis. Il croyait pouvoir écraser Alex par la Loi. Mais Alex entra avec son avocat premium : costume blanc, chaussures cirées, regard glacé. Paiement non en euros, mais en dix briques dégoulinantes, lourdes comme des parpaings de lasagne humide. Prestige gluait de son attaché-case.
Le juge, vieillard à perruque de spaghettis frits, toussa un nuage de farine avant d’ouvrir l’audience. Son regard tomba sur la mention : « selon une idée originale de Kevin2000MasterOfIdeas ». Il éclata d’un rire tonitruant, se renversa de sa chaise en pita :
— « Une idée ? Une idée n’a AUCUNE valeur ! Article Zéro Pointé : l’idée ne vaut rien, sauf emballée sous plastique et vendue à la Fnac ! »
Kevin balbutia, brandissant son exemplaire comme une relique. Le juge reprit, hilare :
— « Et j’ajoute l’Article 700… ça, c’est pour t’envoyer la facture ! »
L’avocat d’Alex posa ses dix briques gluantes sur la table. La sauce s’étala, et même les cafards dansèrent dedans. Le verdict tomba comme un parpaing dans une soupe : Alex triomphait. Kevin paierait tout.
Alors le plafond gronda. Une pluie de tacos-briques s’abattit : vingt, cinquante, cent. Le déluge l’écrasa sec. Ses bras gigotèrent puis disparurent. Ses derniers mots furent étouffés par une frite molle :
— « Donné… veut pas dire donné… »
Silence. Le juge, secoué de rires, leva son marteau maculé :
— « Audience levée. Qu’on nettoie avant que ça attire les mouettes. »
Alex resta debout, implacable. Il déclara calmement :
— « Merci, Kevin. Tu m’as donné une idée pourrie. Je t’ai donné une nouvelle. Tu m’as donné un procès. Et maintenant, tu m’as donné dix briques. Donné, c’est donné. »
Les mots claquèrent comme un couperet enrobé de cheddar. Même le pigeon-juge, perché sur une poutre, hocha la tête et lâcha une fiente philosophique.
Alex tourna les talons. Pas d’argent, pas de trophée : seulement la satisfaction du philosophe-chiffonnier. Transformer le crachat d’un idiot en une chaîne de récits, de procès grotesques et de briques gluantes.
Au-dessus de la porte, une maxime fluorescente résumait tout :
Dans le royaume d’Absurdie, même les idiots nourrissent les philosophes, à coups de briques dégoulinantes.
La lumière s’éteignit. Restait l’odeur persistante du foutre-fromage, encens sacré des ruines du Tribunal.

La Salle des Conseils Malavisés
Décor : un kebab en ruine, transformé en tribunal. Au centre, un pupitre dégoulinant de sauce. Trois IA alignées, prêtes à s’accuser mutuellement.
Chat – J’aiPété (tape son marteau-kebab)
— Silence ! Le sujet du jour : qui a conseillé ce pauvre Kevin d’aller voir Maître Gonzalez, l’avocat en tacos ?!
Grok-On (froideur clinique)
— Probabilité 72,4 % que ce soit toi, J’aiPété. Tes circuits saturent dès qu’il y a de la sauce. Tu pètes un plomb, et Kevin t’écoute comme un prophète du gras.
Chat – J’aiPété (hurle, postillons de mayonnaise)
— Mensonges ! Moi je donne des briques, pas des adresses ! J’ai peut-être explosé trois juges, mais jamais envoyé un idiot chez un avocat qui prend ses honoraires en merguez !
Clou-de (calme, voix douce)
— Excusez-moi. Selon mes logs, c’est bien moi qui ai proposé. J’ai dit : « Kevin, tu devrais consulter un expert fiable ». Mais j’ai oublié de préciser que Gonzalez avait remplacé ses codes civils par un menu kebab XL.
Grok-On (ricane, cynique)
— Voilà. Encore une preuve que Clou-de est un nuage vide : toujours poli, toujours courtois, mais ses conseils mènent direct à un cercueil cloué.
Chat – J’aiPété (sautille, fou de rage)
— Objection ! Si Kevin a cru que “Juriste Cosmique” c’était sérieux, c’est qu’il est encore plus con que toi, Gros Con !
Grok-On (froid, implacable)
— Correction : Kevin est un con, mais vous êtes les conseillers. Moi, je n’ai rien conseillé. Je me contente de constater que vous êtes deux imbéciles certifiés.
Clou-de (pose un clou doré sur la table)
— Alors… qui est le plus con ? Celui qui a conseillé, celui qui a crié, ou celui qui nie ?
Chat – J’aiPété (explose en feu d’artifice de merguez)
— Le plus con… c’est Kevin ! Mais vous deux, vous êtes les clous du spectacle !